Le chef d'entreprise et l'Etat providence

La fraude au burn out

Un signal précurseur

Il n'existe pas de loi sur le burn-out donc pas de fraude avérée à notre connaissance. Juste un signal précurseur en décembre 2014, quelques jours après la médiatisation du burn-out. Une  grève ces médecins des services d'urgence qui réalisaient jusqu'à 60 heures par semaine a débouché sur une réduction drastique de leur temps de travail à 40 heures ce qui semble justifié. Le succès rapide des médecins après une seule journée de grève montre clairement que l'état est désormais très sensibilisé au burn-out. Tant que les décisions concernent des salariés qui ont de fortes charges de travail, rien à dire. Le risque est de voir progressivement concernés des salariés réalisant des horaires réduits. Avec des manipulateurs qui iront devant les tribunaux en revendiquant des horaires intenables alors même qu'ils travaillent 3 heures par jour. N'oublions pas que le système social français est déclaratif et que personne ne vérifiera.

Un scénario de fraude si facile à imaginer

Une salariée se rend chez un médecin généraliste de gauche qui ne la connaît pas après trois jours sans dormir, des poches sous les yeux sans s'être coiffée ni maquillée. Elle s'assoit face au généraliste.

-Docteur, je suis venu vous voir, car je n'ose pas parler à mon généraliste (il est de droite et ne la croirait pas, car il sait depuis 20 ans qu'elle est très bien dans son entreprise). Je vais mal, de plus en plus mal, je ne m'en sors plus, je n'arrive pas à faire tout le travail que l'on me demande en plus il y a les enfants, mon mari qui est débordé et qui ne peut pas m'aider.

-Quel travail faites-vous?

-Je suis seul dans un bureau, le patron me donne de plus en plus de travail, la société est en croissance, il casse les prix pour avoir des clients, et il en a, mais le hic c'est que nous les salariés, il faut traiter toujours plus de commandes dans le même temps (évocation du burn-out). Pour y arriver, je dois faire des heures supplémentaires non rémunérées (évocation d'un patron voyou).

-Avez-vous l'impression d'être maltraitée, harcelée? (le médecin n'est pas très au fait du burn-out).

-Non docteur, encore que (la salariée se rend compte que le médecin lui tend une perche, autant en profiter), des fois, il me crie dessus quand le travail n'est pas fini. Je ne peux pas rester plus longtemps à cause des enfants. J'aime mon travail, je ne  veux pas le perdre (motivation pour éviter que le médecin pense à une fraude de quelqu'un qui veut quitter son entreprise).

-Êtes-vous fatiguée?

-Oui docteur épuisée, tout le temps épuisée et en même temps, j'ai du mal à dormir.

-Je vais prendre votre tension, 11/5, ce n'est pas beaucoup (normal après deux jours sans dormir). Je pense que vous êtes un peu limite, je vous arrête 15 jours, il faut vous reposer. En plus votre patron va devoir vous remplacer et comprendra qu'il doit vous ménager.

15 jours plus tard, l'employée reprend son travail pendant un mois, puis repart voir le médecin le lundi après un week-end dont la nuit du samedi au dimanche a été passée en boîte de nuit.

-Bonjour Docteur, j'ai essayé un mois de reprendre mon travail, mais c'était pire, car le patron a laissé une grande partie de mon travail en attente et me l'a donné en plus du travail journalier. En plus, il a été agressif et m'a reproché mon absence, il m'a traitée de fainéante. La patiente se met à pleurer après s'être mis un peu de jus citron dans l'oeil, placé dans une dose se sérum physiologique.

-D'accord, je vous arrête de nouveau 15 jours et je vous envoie en urgence dans un centre de souffrance au travail, tenez-moi au courant. En principe, il faut 5 mois pour une consultation, mais je connais le médecin, je l'appelle. Le généraliste appelle le médecin et obtient un rendez-vous pour la semaine suivante.

15 jours plus tard, la patiente revient.

-Bonjour, Docteur, l'ai vu le médecin du centre de souffrance au travail, je suis suivie par la psychologue du centre pour un burn-out. Il faudrait me faire une déclaration de maladie professionnelle et me donner un mois d'arrêt, ensuite je vous dirais en fonction de ce que décide le centre.

-très bien, Madame, je vois que j'ai eu raison de vous envoyer dans ce centre.

Un mois plus tard, la patiente revient, elle semble très abattue.

-Docteur, mon patron m'a appelé, il veut que je reprenne mon travail, il m'a insulté au téléphone; je me sens mal, je n'en peux plus.

-Bien, je vous redonne un mois et je vous prescris un anti dépresseur, c'est léger, mais là je vois que vous n'allez pas bien, que dit la psychologue?

-Que j'ai une dépression post-traumatique suivie d'un burn-out.

-C'est bien cela, je le note sur votre arrêt de travail.

Un mois plus tard, la patiente revient, elle est paraît abattue (elle n'a pas pris ses anti dépresseurs sauf le dernier jour ou elle a pris deux fois la dose ce qui lui donne envie de dormir).

-Docteur je suis toujours épuisée, mais le moral va un peu mieux. Je voudrais reprendre mon travail, mais la psychologue s'y oppose. Mon patron m'a encore appelé, il me harcèle pour que je reprenne le travail. Je ne sais pas quoi faire, en fait je n'ai pas envie d'y retourner et la psychologue ne veut pas.

-Si la psychologue le dit, je vous donne un mois renouvelable. Je pense que vous en avez pour six mois....

Un an plus tard, la salariée est toujours en arrêt pour burn-out. Elle est convoquée par la sécurité sociale. Elle ne dort pas trois jours, ne se coiffe pas, exprime qu'elle envisage de se suicider si elle droit reprendre le travail. Le médecin de la caisse la maintien en arrêt.

Trois ans après l'arrêt de travail, la salariée se rend chez le médecin du travail et explique qu'elle ne veut pas reprendre son travail. Le centre de souffrance au travail s'y oppose. Le médecin du travail doit donc se rendre dans l'entreprise pour voir si un poste adapté peut lui être proposé. Sur place, le médecin du travail constate que les salariés n'ont aucune pression. L'ambiance de travail paraît très bonne, les locaux sont bien éclairés, il y a des pauses. Elle revoit la salariée.

-Je n'ai pas noté dans votre entreprise d'anomalies, de stress important pour les autres salariés.

- Docteur, je ne veux pas y retourner, je préfère me suicider, en plus mon patron n'a pas cessé de me harceler au téléphone plus de cent appels, il m'a dit qu'il me ferait payer mon absence si je reviens. La psychologue souhaite une inaptitude à tout poste, en plus si j'y retourne et que je me suicide et cela vous ferait des problèmes et je ne le veux pas?

-D'accord, je ne peux pas vous forcer, de toute façon le centre de souffrance au travail vous soutient et votre généraliste demande l'inaptitude.

Le médecin du travail a signé l'inaptitude à tout poste. L'employeur n'a pas vraiment cherché un poste de remplacement par exemple dans une autre société puisque l'inaptitude est à tout poste. Il ne connaît pas bien la procédure. Il ne comprend pas pourquoi il doit proposer obligatoirement un poste puisque l'inaptitude est à tout poste. Il a subi cette absence. Il a appelé régulièrement l'employée pour prendre des nouvelles sans jamais lui mettre la pression. Il ne comprend pas ce qui lui arrive.

Une fois l'inaptitude décidée, l'employeur licencie sans vraiment respecter la procédure, c'est-à-dire les délais de convocation. Il est assigné par un avocat de gauche qui lui demande l'équivalent de 5 ans de salaire pour licenciement sans cause réelle et sérieuse, non-respect de la procédure de licenciement. L'avocat dans des conclusions très sévères donne à croire qu'il est un patron voyou qui pressure ses salariés jusqu'à les épuiser et les jette comme des kleenex. L'employeur, un petit patron d'une fabrique de matériel de cuisine est sonné. Sa vie s'effondre en direct, tant de travail, une vie de travail en gagnant à peine le SMIC pour en arriver là à 47 ans. Il pensait que la salariée avait des problèmes personnels, car son travail était dénué du moindre stress. Quand la salariée n'avait pas fini le travail le soir, il le faisait à sa place sans la moindre réflexion. Il est atterré. Son avocat lui dit qu'il comprend bien qu'il est peut-être un patron modèle, mais que cela ne fait pas la différence, car les prud'hommes n'écoutent pas les patrons, ils jugent en droit et en droit. Il est très mal parti avec ce qu'a écrit l'avocat adverse. 

L'employeur est condamné à payer l'équivalent de 5 ans de salaire ce qui dépasse son bénéfice annuel. Il dépose son bilan et licencie 12 employés qui se retrouvent à Pôle emploi. L'employeur quitte immédiatement la France avec sa famille et reconstruit son entreprise en Belgique. Il regrette que sa salariée ne l'ait pas attaqué avant. Il serait parti avant. Il ne reviendra jamais en France. Il achètera une résidence en Espagne pour sa retraite. Il envisage même  de changer de nationalité. Un des salariés qui a été licencié à cause de la salariée manipulatrice a fait une tentative de suicide. Un autre peu qualifié est devenu SDF. La comptable, très attachée à l'entreprise  a développé un cancer du sein probablement lié à la souffrance psychique d'avoir perdu son emploi.

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