Pole emploi ne présente aucun intérêt pour recruter un salarié du fait du fonctionnement de cet organisme.

Le regroupement de l'organisme payeur (Assedics) et de l'organisme d'aide à l'emploi (ANPE) n'a rien arrangé. Les employés ont beaucoup de personnes à gérer et l'explosion du chômage aggrave la situation. Le point le plus important est un effet pervers du système. Les conseillers s'occupent en premier lieu des cas difficiles, ceux qui arrivent en fin de droit. Quand une entreprise envoie une offre d'emploi, elle reçoit les CV les plus mauvais. Elle voit défiler la misère du monde, des salariés qui sont au chômage depuis longtemps et qui ont les plus grandes difficultés à retrouver un emploi. Souvent, ces salariés manquent de tonus, ou ont de gros problèmes psychologiques ou familiaux.

À l'inverse, Pole emploi n'envoie pas les bons salariés qui conviendraient au poste parce qu'ils viennent de s'inscrire. Les conseillers se disent que ceux-là peuvent s'en sortir seuls ou qu'ils ont du temps devant eux. Le résultat de ce fonctionnement pervers est une perte de temps pour l'entreprise et le fait qu'elle ne recontactera plus Pole emploi pour ses recrutements ultérieurs. L'entreprise se tourne alors des sites internet spécialisés qui donnent toute satisfaction.

Une autre insuffisance de Pole emploi est son système de classification des salariés totalement délirant. L'employeur qui propose un poste un peu spécifique n'entre pas dans la classification pole emploi et ne recevra pas de candidats même s'il demande des candidats sans formation par le fait qu'il assure lui même la formation.

Il existe bien sûr un cas exceptionnel, celui du chef d'entreprise qui connaît personnellement un conseiller. Dans ce cas le conseiller va comme par miracle faire le bon choix et envoyer les bons candidats. j'ai été dans ce cas quand un de mes salariés m'avait donné le nom d'un conseiller. Les trois candidats envoyés étaient bons pour le poste et le choix a été difficile.

Pole emploi fait parfois appel à des entreprises privées pour s'occuper des salariés incassables. Cela coûte une fortune pour des résultats plus que médiocres. Plus grave, Pole emploi laisse pourrir de bons salariés qui perdent leur énergie vitale parce qu'ils ne sont pas aidés en début de chômage et vont finalement rejoindre la cohorte des salariés incassables.

Il y a aussi à pole emploi une catégorie particulière de salariés, ceux qui s'inscrivent sans avoir envie de travailler. C'est le cas des étudiants qui reprennent ou poursuivre des études ou des salariés qui ont escroqué leur employeur aux prud'hommes en maquillant une démission en licenciement. Il conviendrait de les détecter et de les classer séparément pour ne pas perdre de temps et ne pas faire perdre de temps aux employeurs, car même s'ils conviennent au poste, ils ne le prendront pas.

Parfois, il y a des miracles qui en disent long: un entrepreneur de bâtiment vient au guichet demander à recruter une manoeuvre. Le conseiller lui explique que ce sera difficile. À côté, un noir, originaire du Cap vert demande un emploi de manoeuvre, l'employé lui explique que ce sera pratiquement impossible. L'employeur entend la conversation, attend la sortie du noir à la porte de Pole emploi et lui propose le poste. Il y a donné toute satisfaction plusieurs années...

En conclusion, Pole emploi est à l'image du système social français, archaïque coûteux, inefficace. On peut d'ailleurs plaindre les employés motivés qui y travaillent. Ils ne sont pas en cause, ce qui est en cause, c'est le système.