Le chef d'entreprise et l'Etat providence

La graphologie

Un graphologue qui tente de retrouver les traits de caractère d'une personne dans son écriture vit une révélation. Tout y est et la graphologie apparaît comme une science exacte. Malheureusement, le graphologue dans son activité professionnelle ne connaît pas le caractère de la personne dont il examine l'écriture. On lui demande de deviner cette personnalité.

On n'est plus alors dans une science exacte, mais dans la prédiction. Je n'oublierai jamais cette écriture d'un commercial qui possédait un CV témoignant d'une grande réussite. Il visait un poste avec un salaire  élevé. Son écriture était catastrophique et pouvait donner à penser qu'il était un grand alcoolique tant elle était tremblée et dégradée. N'importe quel graphologue débutant qui n'aurait pas eu à sa disposition le CV et qui aurait trouvé cette écriture dans un tri l'aurait éliminé... J'ai pris la décision d'appeler ce candidat. Il m'a révélé qu'il avait eu un accident de voiture et que son bras avait été touché. Il était en cours de rééducation. Ce candidat a été embauché et a donné toute satisfaction.

Actuellement, le cabinet de recrutement ou le chef d'entreprise qui font appel à un graphologue lui demandent de réaliser un tri dans les candidatures pour retenir les meilleurs candidats puis réalisent éventuellement une analyse approfondie pour celui ou ceux qui sont susceptibles d'être retenus. Il est indispensable que le graphologue ait à sa disposition le CV du candidat pour éviter des erreurs comme nous l'avons vu. Une caractéristique particulière de l'écriture donne un grand nombre de pistes. Par exemple, une écriture tremblée peut indiquer de la nervosité, du stress, des séquelles d'un accident de la main... Une  seconde caractéristique va réduire le champ des possibles. En combinant plusieurs traits de l'écriture, le graphologue va dresser un portrait du scripteur qui a de grandes chances de se rapprocher de la réalité. Il est rare que le graphologue soit sûr de lui à 100% et des erreurs peuvent se produire.

Idéalement la graphologie devrait se rapprocher de la science descriptive que j'ai évoquée au début de cet article. De même que le chef d'entreprise pose des questions au graphologue, ce dernier  devrait participer à l'entretien, poser des questions pour valider ou non ses propres convictions. On arriverait à une connaissance très approfondie de la personnalité du candidat. S'il n'est pas possible de faire participer le graphologue à l'entretien, il est possible de lui demander quels points il souhaite valider lors de l'entretien.

Nous pensons que le graphologue devrait dans le cadre de sa mission pouvoir avoir au moins un entretien téléphonique avec le candidat pour lui poser des questions surtout si son écriture est peu expressive. Le risque d'erreur serait alors bien réduit...

La graphologie se heurte à un autre écueil qui est la progression de l'ordinateur. On écrit de moins en moins, on envoie des textos et des mails. Dans certains pays et certaines écoles, les cours sont pris sur le clavier d'ordinateur.  Or l'écriture évolue avec le niveau d'études. En école primaire, elle est maladroite. Au secondaire, elle commence à se personnaliser sans trop s'écarter du modèle scolaire. Dans l'enseignement supérieur, elle s'accélère par nécessité et perd de sa lisibilité. La personnalisation est extrême et l'analyse graphologique devient très pertinente. Si l'étudiant écrit peu et utilise son clavier, son niveau d'écriture reste celui d'un élève du secondaire et l'évolution de son écriture est faible.

 L'utilisation massive de l'ordinateur risque de donner des écritures banales assez semblables et finalement difficiles à interpréter, car peu expressives. On est parfois surpris de trouver dans les grandes écoles des élèves qui ont des écritures très scolaires manquant de personnalité. Il s'agit d'élèves très doués qui assimilent bien les connaissances et les restituent, mais qui manquent de force de caractère. Ils font des carrières dans la fonction publique, dans la recherche, mais ne seront jamais des personnalités marquantes, chefs de grandes entreprises ou hommes politiques. À l’inverse, on trouve des écritures montrant une forte personnalité chez des artisans qui auront une belle réussite et deviendront des leaders dans leur profession...

La graphologie bien utilisée donne une seconde chance à un salarié mal orienté. Je me souviens du cas d'un technicien pur qui était au chômage du fait de la fermeture de son entreprise. Il n'arrivait pas à retrouver du travail dans sa branche qui était sinistrée. En examinant son écriture, j'ai trouvé qu'il avait un profil de pur commercial. Grâce à cette analyse, il a pu convaincre un chef d'entreprise de l'embaucher et a parfaitement réussi dans le domaine commercial.

Malgré les réserves évoquées ci-dessus, je considère que l'analyse graphologique approfondie est indispensable pour toute embauche en CDI. L'autre alternative est un passage de tests de personnalité chez un psychologue du travail. Le chef d'entreprise qui embauche seul en se contentant d'un entretien fait courir de très grands risques à son entreprise.

Certains graphologues autodidactes peuvent être bons surtout s'ils ont été formés à la psychologie ou s'ils ont travaillé dans un service de ressources humaines. Cela dit la meilleure formation reste la société française de graphologie qui délivre un diplôme. En matière de recrutement, les seuls diplômes reconnus sont ceux de la Société française de graphologie et du  groupement des graphologues-conseils de France (GGCF).

Il arrive parfois qu'un chef d'entreprise soit très enthousiaste face à un candidat. Si la graphologue est réservée et si les anciens employeurs sont négatifs par rapport à ce salarié, il ne faut pas l'embaucher. Très souvent, l'entretien d'embauche mené par le chef d'entreprise qui n'est pas un professionnel de l'entretien ne permet de voir que la façade du salarié. La vraie personnalité est donnée par les anciens employeurs, l'analyse graphologique ou des entretiens menés par des professionnels qui ne seront pas victime de certains candidats charmants, mais totalement vides voire ce qui est pire, manipulateurs.

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