Le chef d'entreprise et l'Etat providence

Le harcèlement moral descendant

Le législateur considère que le harcèlement économique ou managérial sont à considérer comme un harcèlement moral. Nous préférons examiner les trois types de harcèlement séparément, car la personnalité et les objectifs des harceleurs sont différents. Nous considérons que le harcèlement moral ascendant est le fait d'un pervers narcissique au sens strict, tel que défini par le Dr Marie France Hirigoyen ou le psychanalyste Daniel Ajzenberg.

 Le harceleur manque de confiance en lui. Nous ne connaissons pas de pervers narcissique qui soit devenu chef d'entreprise même de petite taille puisque la création d'entreprises suppose une forte confiance en soi. Quand aux chefs d'entreprise de grande taille, leur niveau de formation est incompatible avec un profil de harceleur.

Il faut donc chercher des profils de harceleur dans des échelons intermédiaires voir éventuellement chez des patrons héritiers. Une étude a été conduite en Picardie en mai 2002. Parmi les victimes de harcèlement moral descendant, on trouve 6 secrétaires, 3 hôtesses de caisse, une infirmière, une aide soignante, un chauffeur livreur, un pâtissier, un chef cuisinier, une comptable. Les entreprises appartiennent au secteur de la distribution, de la santé (hôpital, foyer d'accueil, institut de réinsertion). Le harcèlement est le fait de petits chefs intermédiaires entre la direction et le personnel d'exécution qui n'est pas diplômé (sauf la comptable, bac+ 2).

L'analyse des propos tenus par le personnel harcelé montre un mélange de harcèlement économique (on reproche à certains salariés leur lenteur), managérial (visant à évincer le salarié) et pour certains de vrai harcèlement moral. Dans le harcèlement moral, rien de factuel, de vrai, de justifié n'est reproché. Surtout à la différence du harcèlement économique ou managérial, le harceleur exprime une jouissance à persécuter son subordonné. Trois témoignages décrivant un vrai harcèlement moral:

-"Ce qui est le plus dur à accepter, souligne une victime est de voir la jouissance de la personne qui agresse. Je ne le supportais pas. Je l'aurais giflée de la voir se réjouir de ma souffrance. C'était une façon supplémentaire de me détruire. C'était encore plus insupportable que les mots... À la fin , elle aurait pu me détruire rien que par son sourire".

- "C'était du plaisir pour elle. Elle souriait quand elle me voyait souffrir, elle souriait. Elle était contente, ça se voyait. Si elle jouissait de la souffrance des autres, c'est qu'elle ne va pas bien. Elle a besoin de faire du mal."

-"Quand j'arrivais dans son bureau, il était bien calé dans son fauteuil, il me disait de m'asseoir et au fur et à mesure son ton montait et en même temps il avait un sourire sur son visage. Et il se mettait en colère et la colère retombait aussitôt. Il y prenait plaisir parce qu'il savait qu'il me touchait.

Le gros problème avec les juges des prud'hommes, mais aussi les médecins généralistes, et même les médecins du travail, c'est qu'ils ne sont pas capables de distinguer un harcèlement économique, managérial, moral d'une revendication mensongère de harcèlement moral mise en oeuvre par un harceleur ascendant pervers narcissique. Il leur faudrait une formation approfondie par des psychiatres spécialisés. Pour autant un risque subsisterait car les médecins n'ont pas vécu la situation et se fient à la parole du patient sans pouvoir la vérifier. Or la parole est à double sens. Le harceleur se fait un malin plaisir d'accuser le harcelé de ses propres turpitudes. 

Les harcèlements managérial ou économique visés par la loi sur le harcèlement moral sont des délits. Le harcèlement moral est un crime qui est traité comme un délit par la loi. Nous ne sommes pas au même niveau. Les conséquences ne sont pas les mêmes. Le pire arrive quand un pervers narcissique met en oeuvre un harcèlement moral ascendant et attaque sa victime en lui reprochant un harcèlement managérial sans qu'aucune autorité compétente ne s'en aperçoive.

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